Atelier anayse de pratiques

L’analyse de pratiques professionnelles à travers le prisme du protocole Balint

De nombreux métiers, notamment ceux en relation avec autrui, conduisent à s’interroger sur sa propre pratique et à rencontrer des difficultés dans certaines situations. Le travail solitaire permet de réfléchir, de faire émerger des idées qui, une fois testées, deviennent des solutions. Toutefois, ce travail personnel a ses limites, notamment celles de la pensée individuelle à un moment donné.

Pour progresser et s’améliorer, le partage d’expériences devient précieux. Un groupe de professionnel·le·s, accompagné d’un·e animateur·trice expérimenté·e, se réunit en atelier plusieurs fois par an pour exposer, discuter et analyser des situations problématiques. Il s’agit d’un travail de co-réflexion et de co-élaboration.

La stabilité du groupe est un facteur clé de la qualité du travail réalisé. Il est essentiel de se connaître suffisamment pour instaurer la confiance, tout en conservant une capacité d’étonnement et une disposition à se remettre en question.

L’objectif de l’Analyse de Pratiques (à la différence d’une régulation d’équipe ou d’institution) est de se mettre véritablement au travail. Cela implique une tolérance à l’analyse, la capacité à supporter parfois une remise en question, voire d’être quelque peu malmené·e, pour déjouer les mécanismes de répétition ou de défense. L’enjeu : rater mieux la fois suivante.

Les situations partagées et analysées en groupe sont celles qui ont mis le·la professionnel·le en difficulté.

Le dispositif d’Ateliers d’Analyse de Pratiques proposé par le CIMA, et ailleurs, repose sur le protocole Balint, initialement conçu et utilisé dans le secteur de la santé. Ce cadre méthodologique s’avère particulièrement adapté à la pratique des médiateurs et médiatrices.

Déroulement du protocole Balint

Premier temps (env. 20 min) – Le récit

Ce temps est consacré à la narration : dire l’exaspération, la défaite. Un membre du groupe relate une situation, présente ou passée, qui lui a posé problème ou lui a échappé. Les autres membres écoutent, sans poser de questions.

L’enjeu ici est d’amener la personne à nommer et à décrire ce qu’elle considère comme un « ratage ». Ce ratage révèle une rupture dans le style de communication. Le nommer, c’est déjà lui donner du sens.

Deuxième temps (env. 20 min) – Le questionnement

C’est le moment où le groupe formule des questions ou des demandes de clarification. Le narrateur écoute, prend des notes, sans répondre immédiatement, afin d’éviter toute tentative de justification. Il ou elle répond ensuite pour éclaircir certains éléments.

Troisième temps (env. 20 min) – La créativité collective

Ce temps est dédié à la réflexion partagée et à la créativité. Il s’agit d’ouvrir d’autres perspectives, d’imaginer les ressources des personnes impliquées dans la situation initiale.

L’animateur·trice intervient à la fin de cette séquence pour proposer une synthèse ou partager, avec ses propres mots, ce qu’il ou elle a perçu ou compris de la situation travaillée.

LH/PG – 2 novembre 2025

Auteur de l’article : Luc Heimendinger

Luc Heimendinger est médiateur* (assermenté à Genève), coach, superviseur/animateur d’ateliers d’analyse de pratiques professionnelles*, facilitateur en justice restaurative et formateur.

Auparavant, il a été directeur de projets et cadre dirigeant. Son activité se décline dans la prévention et la gestion de conflits et le développement de projets par la médiation ; l’accompagnement de personnes et d’équipes par le coaching, la supervision/analyse de pratiques professionnels et la facilitation de systèmes et cercles restauratifs.

Il forme dans des universités, des centres de formation, des entreprises et des fédérations professionnelles.

Ses domaines d’intervention sont notamment les relations de travail entre des entreprises/organisations, la santé, le handicap, le social, la culture, la politique, le secteur public et la vie de quartier.

D’orientation et de sensibilité systémiques et interculturelles, il intervient en Suisse, en France et en Belgique.

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* agréé par la Fédération Suisse Médiation

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