« Cette formation m’a transformée »
CIMA – Marie-Lise, vous exercez depuis plus de dix ans comme avocate en contentieux des affaires. Pourquoi avoir choisi de vous former à la médiation ?
Marie-Lise Charel – Cela faisait quelque temps que je ressentais le besoin d’élargir mes perspectives professionnelles. Je gère l’ensemble du contentieux d’un cabinet lyonnais, avec un périmètre volontairement large, sans spécialisation de niche.
Au fil des dossiers, j’ai eu l’occasion de participer à quelques médiations. Pas énormément, mais elles m’ont toutes marquée. Ce qui s’y joue m’a semblé d’une puissance inattendue. Je me suis souvent dit, en sortant : « Je n’en reviens pas de ce qui vient de se passer ».
Et puis un jour, presque sur un coup de tête, j’ai décidé de m’inscrire à la formation de 60 heures du CIMA. Le format sur six mois (un jour et demi par mois) était parfait pour conserver un équilibre avec mon activité. Aujourd’hui, je peux le dire sans hésiter : j’en suis ravie.
CIMA – Qu’avez-vous retiré de cette formation ?
M.-L. C. – Une richesse incroyable. C’est une formation exigeante, très bien structurée, avec une vraie place donnée à la pratique. Environ 50 % de cas concrets, de jeux de rôle, d’exercices de posture. Ça bouscule, mais c’est essentiel.
Tous les intervenants sans exception étaient d’une grande qualité, tant sur le plan technique qu’humain. On sent qu’ils ont eux-mêmes été transformés par la médiation. Ils le disent, ils le montrent. Cela rend leur enseignement d’autant plus crédible et inspirant.
Et puis il y a l’effet groupe : nous nous sommes beaucoup enrichis les uns les autres. À la fin, on était un peu soulagés d’avoir terminé, bien sûr, mais surtout très tristes de ne plus se retrouver. Presque tous ont exprimé le souhait de continuer, de suivre des formations complémentaires.
CIMA – Vous avez utilisé une phrase forte : “Cette formation m’a transformée”. En quoi ?
M.-L. C. – J’ai compris, dès les premières heures, que ce n’était pas aussi simple ni aussi accessible que je l’imaginais. Devenir médiateur, c’est apprendre à penser autrement. Il ne suffit pas de connaître le droit, ou d’avoir de l’expérience en négociation.
C’est une posture nouvelle. Une rigueur dans la manière de poser le cadre, de gérer le processus, de respecter les règles déontologiques. Mais aussi une finesse d’écoute, une attention au langage, une capacité à qualifier précisément ce qui se joue.
Dans l’un des modules, on nous a montré à quel point le choix du mot pouvait changer l’intensité perçue d’une émotion. Dire “tristesse” ou “mélancolie”, ce n’est pas la même chose. En tant qu’avocate, j’ai toujours été attentive au poids des mots. Mais cette formation m’a permis d’aller plus loin. C’est utile en médiation, bien sûr, mais aussi dans ma pratique d’avocate.
CIMA – Cela a-t-il changé votre manière d’accompagner vos clients ?
M.-L. C. – Oui, très clairement. Je comprends désormais bien mieux le rôle du médiateur. Je suis plus à l’aise pour expliquer à mes clients ce qui va se jouer dans une médiation, comment se préparer.
Je sais aussi identifier, a posteriori, les dossiers qui doivent passer par la médiation. Avant, ce n’était pas évident. Maintenant, beaucoup plus.
CIMA – Voyez-vous une incompatibilité entre la posture d’avocat et celle de médiateur ?
M.-L. C. – Pas du tout. Mais il faut être lucide : pour un avocat, la bascule est plus difficile que pour d’autres professionnels. Nous avons été formés à chercher des solutions, à convaincre, à orienter. En médiation, c’est presque l’inverse : il faut savoir s’effacer, poser les bonnes questions, accompagner le dialogue sans imposer une issue.
Cela demande de changer de casquette. Mais cela ne veut pas dire renoncer à son expérience. Au contraire, notre parcours d’avocat peut enrichir notre posture de médiateur. La difficulté, c’est d’apprivoiser ce nouveau positionnement sans le parasiter.
CIMA – Vous souhaitez poursuivre votre parcours en médiation. Quels sont vos projets ?
M.-L. C. – Mon objectif initial était clair : atteindre les 200 heures de formation pour pouvoir m’inscrire sur les listes des médiateurs auprès de la cour d’appel. Je maintiens cet objectif.
Je souhaite suivre une autre “grosse” formation complémentaire (par exemple une nouvelle session de 60h) et multiplier les expériences. Je trouverais d’ailleurs intéressant d’ouvrir des possibilités d’observation de médiations réelles, dans un cadre pédagogique. Cela me semble vraiment pertinent pour affiner la posture.
Je suis convaincue que la médiation peut devenir une part importante de ma pratique, mais cela demande du temps, de la méthode, et surtout de la pratique.
CIMA – Que diriez-vous à un confrère ou une consœur qui hésite à se former ?
M.-L. C. – Je leur dirais que cette formation ne s’adresse pas seulement à ceux qui veulent devenir médiateurs. Elle est aussi précieuse pour les avocats qui interviennent en tant qu’avocats dans une médiation. On comprend bien mieux les enjeux, le rôle du tiers, les logiques à l’œuvre.
On sort de la seule logique du contentieux, on ouvre des perspectives, y compris dans notre posture professionnelle.
Et plus largement, je pense que c’est une formation utile, humainement. Elle permet d’apprendre à mieux écouter, mieux comprendre, mieux formuler. Des compétences utiles partout – en cabinet, mais aussi dans la vie.
Pour en savoir plus sur la formation suivie par Marie-Lise Charel :
👉 Formation de base à la médiation (60h)
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